Road to EU 2024

Le discours sur l’Europe à la Sorbonne : Emmanuel Macron alerte sur une « Europe mortelle » et trace les perspectives d’avenir pour une « Europe puissante »

26
avril 2024
By Eleonore Para

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Durant une allocution d’une heure trente, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, sept ans après son discours « Sorbonne 1 », Emmanuel Macron a dressé un bilan des accomplissements européens et indiqué la feuille de route pour l’Union européenne. L’objectif de cette intervention : « influer sur l’agenda » de la prochaine Commission européenne après les élections de juin prochain. Mais pour beaucoup, ce discours marque l’entrée en campagne d’Emmanuel Macron pour soutenir la tête de liste de la majorité, Valérie Hayer.

Le Président a dressé le bilan des accomplissements européens : des réussites : la réponse à la crise du Covid, la guerre en Ukraine, mais un constat, cinglant : « Notre Europe aujourd’hui est mortelle. Elle peut mourir et cela dépend uniquement de nos choix ».

« Le risque c’est que l’Europe connaisse le décrochage et cela nous commençons déjà à le voir malgré tous nos efforts (…) Nous sommes encore trop lents, pas assez ambitieux », alerte-t-il.

« C’est aujourd’hui que se joue la question de la paix et de la guerre sur notre continent et de notre capacité à assurer notre sécurité ou pas », a affirmé le chef de l’Etat. « A l’horizon de la prochaine décennie, (…) le risque est immense d’être fragilisé », a-t-il ajouté, estimant également que les valeurs de la « démocratie libérale » sont « de plus en plus critiquées et contestées ». Selon Emmanuel Macron « les grandes transformations, celle de la transition digitale, celle de l’intelligence artificielle comme celle de l’environnement et de la décarbonation, se jouent maintenant ».

Le Président a déroulé ses propositions pour une Europe puissante. La défense tout d’abord : Emmanuel Macron a dit vouloir créer une « Europe puissance » qui « se fait respecter », « assure sa sécurité » et reprend « son autonomie stratégique ».

Emmanuel Macron a aussi appelé l’Europe à « retrouver la maîtrise de [its] frontières pleinement, entièrement et l’assumer ». Il a proposé une « structure politique » sur les sujets de la migration, de la sécurité, de la lutte contre la criminalité organisée et contre le terrorisme.

En matière d’économie, Le président français veut que l’Europe se fixe pour objectif d’être « leader » mondial d’ici 2030 dans « cinq secteurs stratégiques de demain » : l’intelligence artificielle, l’informatique quantique, l’espace, les biotechnologies et « les nouvelles énergies (hydrogène, réacteurs modulaires et fusion nucléaire) ». Il souhaite aussi inscrire dans les traités communautaires « la préférence européenne » dans « la défense et le spatial ». Il a également appelé à réviser la politique commerciale européenne car la Chine et les Etats-Unis ne « respectent plus les règles du commerce telles qu’elles ont été écrites il y a quinze ans ». Emmanuel Macron a aussi appelé à une Europe simplifiée : « La simplification, c’est plus de marché unique », « pour permettre à nos startups d’avoir tout de suite un marché domestique qui est un marché intérieur de 450 millions de consommateurs ».

Sur la crise agricole « La colère de nos agriculteurs n’a pas été une colère contre l’Europe », mais « contre la réglementation, la complexité, les normes aberrantes, la mauvaise application du droit européen et français », a-t-il estimé. Il a évoqué les premières réponses apportées au niveau français et européen, et plaidé pour une meilleure souveraineté alimentaire européenne, une meilleure protection des prix des produits européens, de la qualité des produits qui entrent en Europe tout en renforçant les exportations européennes.

Plusieurs propositions ont concerné la jeunesse : Emmanuel Macron a plaidé pour que la majorité numérique dans l’Union européenne passe à 15 ans et pour un « contrôle parental » de l’accès aux réseaux sociaux en dessous de cet âge. Le président souhaite aussi un approfondissement des programmes en faveur de la jeunesse européenne « Il nous faut décupler l’Erasmus de l’apprentissage et de la formation professionnelle, avec un objectif d’au moins 15 % des apprentis en mobilité européenne d’ici [à] 2030 ». Le président a ajouté : « Transmettre l’esprit européen aux jeunes générations, c’est aussi leur donner l’occasion de faire l’expérience sensible de notre continent, c’est-à-dire voyager. » Emmanuel Macron a donc plaidé pour que les étudiants puissent « circuler en train partout en Europe ». « Et je souhaite, pour ma part, qu’il s’appuie sur une européanisation du Pass culture », a-t-il encore ajouté, disant s’être inspiré de l’exemple italien pour le déploiement de ce dispositif en France.

Enfin, le chef de l’Etat a défendu un « humanisme européen ». « Etre européen, (…) c’est défendre une certaine idée de l’homme qui place l’individu libre, rationnel et éclairé au-dessus de tout », a-t-il indiqué. M. Macron a aussi plaidé pour la « conditionnalité » des aides européennes au respect de l’Etat de droit. Il a rappelé qu’en Europe beaucoup a été accompli en matière d’équilibre entre vie professionnelle et vie des parents, des aidants, de la transparence des rémunérations, de la parité, etc. et rappelé son objectif de faire inscrire le droit à l’IVG dans la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.